Caractériser n’est pas valider. C’est fabriquer
Valider un produit, c’est le déclarer prêt. Le caractériser, c’est le comprendre et cela même quand il dysfonctionne. Et si ton process confond les deux, c’est pas une QA… c’est un oracle en panique.

💡 Pourquoi confond-t-on souvent la fin et le début ?
Dans l’imaginaire industriel, caractériser, c’est contrôler. On fabrique, puis on vérifie. Si ça marche, on recommence. Sinon, on ajuste. Mais c´est sur le papier, que ça passe.
Dans les faits, et particulièrement en DeepTech, cela ne suffit pas. Car dans un processus de fabrication, la caractérisation ce n’est pas attendre le produit fini pour savoir s’il fonctionne. Mais c’est comprendre, à chaque étape, ce qu’on est en train de faire et pourquoi ça tient, ou pas.
🔍 Observer ce qu’on fabrique, pendant qu’on le fabrique
La fabrication de composants avancés ne suit pas une logique linéaire. Les variations sont réelles, les décalages aussi, et les écarts peuvent s’accumuler discrètement.
Autrement dit, caractériser, c’est installer des check points dans un environnement où tout peut dévier. Ce n’est pas une validation en fin de chaîne, mais bien une observation continue, intégrée dans le process.
🧱 Sans mesure, on reproduit l’erreur
Tu peux produire sans caractérisation, tu peux même réussir une série. Cependant, lorsque ça casse, tu n’as rien pour identifier et comprendre la source du problème.
Le défaut devient alors structure et la variation le standard. Finalement ce qui devait être industrialisable se transforme en prototype, reproductible uniquement par accident.
🌍 Un pilier universel de l’industrie
Il n’y a pas un seul secteur industriel qui puisse fonctionner sans caractérisation. En chimie, c’est ce qui permet de valider la composition réelle d’un composé synthétisé.
💊 En pharma, c’est ce qui garantit que chaque molécule respecte les seuils de pureté et d’efficacité.
👕 Dans le textile, c’est ce qui contrôle la résistance, la teinte, la ⛓ tenue dans le temps.
⛓ En aciérie, c’est ce qui mesure la teneur exacte en carbone, la structure cristalline, la capacité à encaisser les contraintes mécaniques.
Partout, la finalité est la même : ce n’est pas parce qu’un produit sort de la ligne qu’il est conforme, stable ou reproductible. Ce n’est pas parce qu’on sait faire une fois qu’on est prêt à produire tout le temps.
Ce qui fait passer une matière brute à un produit industrialisable, ce n’est pas la forme mais la régularité. Finalement la seule façon de la garantir, c’est de savoir l’observer, à chaque instant, dans tous les secteurs, sans exception.
📎 LexiQue Tech — Caractérisation
Ce que pensent les décideurs : Une formalité en fin de ligne. Un tampon ISO. Un luxe qu’on s’offre après le go-to-market.
Ce que c’est vraiment : Un révélateur intégré au process. Si tu fabriques sans elle, tu répètes un bug avec précision.
💣 Punchline : Sans mesure, tu ne reproduis pas une innovation. Tu standardises une erreur invisible.
⚙️ Pourquoi on l’écarte
Parce qu´elle gêne car elle signale que le process n´est pas stable, que le scale-up n´est pas prêt, que les spécifications sont tenues de manière opportuniste; et personne n´a envie de ralentir un projet pour entendre ça.
💣 Trois croyances à désamorcer
"On testera à la fin."
Trop tard, le défaut est déjà dans la ligne.
"Ça a marché une fois."
Une réussite isolée n’est pas une validation mais un coup de chance.
"On verra quand on industrialisera."
Sans base de caractérisation, il n’y a pas d’industrialisation; juste une réparation à l'aveugle.
📡 Ce que ça change, si on l’intègre dès le début
La caractérisation, c’est ce qui permet à une technologie de survivre à son propre pitch. C’est ce qui transforme une innovation fragile en infrastructure reproductible.
Ni brillante, ni rapide, mais stable.
Aujourd’hui, c’est précisément ce qui manque à beaucoup trop de projets qui pensent être prêts.
Si tu ne sais pas ce que tu fabriques, tu ne fabriques rien.
Tu racontes.