“Tech” — le label qui a tout flouté

On a volé le mot “tech”. Alors les vrais technos ont dû fuir. Autopsie d'un exil lexical.

“Tech” — le label qui a tout flouté
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🛠️ Quand “tech” voulait encore dire quelque chose

Il fut un temps, pas si lointain, où dire “la tech” signifiait quelque chose de clair :

  • de l’ingénierie,
  • du code, du contrôle-commande, du temps réel,
  • de la mécanique, de la robotique, de l’automatique,
  • du système embarqué, du firmware, de la simulation,
  • des architectures logicielles profondes.

Une techno physique, logique, vérifiable.
Pas un effet de slide.

Puis est arrivée 2017.
La Startup Nation, les médias généralistes, les consultants no-code : tout ce beau monde a branché son ampli à bullshit sur la prise principale.


⚙️ Le hold-up narratif

Aujourd’hui ?

  • Une app de gestion de frigo → “Tech for good”
  • Un SaaS RH en dégradé pastel → “DeepTech”
  • Une IA no-code qui écrit ton post → “Révolution du travail”
  • Un e-commerce de sneakers tendance → “Infra nouvelle génération”

Exemple typique entendu dans tout bon concours startup :

“Nous révolutionnons l'expérience utilisateur des circuits courts grâce à une blockchain bas carbone.”
— Un grand classique de la novlangue “DeepTech à impact”.

Quand tu poses une vraie question technique ?
Silence.
On t'oppose un laconique : “Ce n'est pas notre priorité produit.”


💥 Le bug de la compréhension imposée

Lors d’un panel tech, un mentor senior — trente ans de consulting derrière lui et un vieux PhD en poche — affirme qu’une startup qui mérite d’exister doit être compréhensible “par n’importe qui”.

Traduction brutale :
Si tu fais de la vraie techno — complexe, radicale, non marketée — tu deviens incompréhensible donc illégitime.

Ce n’est pas l’ignorance qui gagne.
C’est l’éjection culturelle de l’expertise.


⚠️ Pourquoi c’est dangereux (et insultant pour les techos)

Parce que ce n'est pas juste un glissement.
C’est un effacement pur.

Quand tout devient “tech”, plus rien ne l’est vraiment.

Et ceux qui font encore de la vraie techno doivent s’inventer un mot en plus pour exister.

  • Les VC veulent du “proof of impact”, pas du proof of concept.
  • Les femmes ingénieures se retrouvent dans des panels “diversité”, jamais “architecture”.
  • Les devs systèmes sont considérés comme “pas très produits”.
  • Et les automaticiens ? Inexpliqués. Invisibilisés.

La France a désindustrialisé son langage avant ses usines.
Et aujourd'hui, les ingénieurs doivent se conformer à la grammaire de ceux qui vendent sans comprendre.


🧪 DeepTech, HardTech — ou l’art de rendre le réel illisible

Quand “tech” devient une étiquette générique, les technos sérieuses n'ont plus qu'une option :
s’auto-exiler dans des mots plus longs.

DeepTech. HardTech. Research-based. High-level. Ultra-core.
À croire qu’il faut cinq syllabes pour que quelqu’un écoute.

Mais ce naming n'est pas une reconnaissance.
C’est un camouflage défensif.


🎯 Punchline

Aujourd’hui, “tech”, c’est du lubrifiant narratif :
ça fait tout glisser, surtout la compétence.


🧩 Le bug narratif

En voulant protéger la technicité, on la rend invisible.
En élevant le vocabulaire, on fait fuir le débat.

Et pendant ce temps, ceux qui font du soft mou, avec un bon UX et un pitch clean, gardent le monopole du mot “tech”.

Pendant que les vrais systèmes s’exécutent, les faux récits lèvent des fonds.

Résultat :

  • Le public ne sait plus ce que fait une startup DeepTech.
  • Les journalistes traduisent HardTech par “truc industriel un peu flou”.
  • Les technos critiques sont reléguées en sous-silos inaccessibles.

Quand on doit créer des mots pour faire exister l’ingénierie,
c’est qu’on a déjà perdu le langage commun.


🧱 À quoi ça sert, vraiment ?

Pas à clarifier.
Pas à démocratiser.
Mais à justifier l’existence d’une techno qu’on n'arrive plus à expliquer sans label.

On ne nomme plus pour expliquer.
On nomme pour exclure.

📦 Lexique de l’exil techno (preview)
trace(buzzword): isolated, recompiled for clarity

  • DeepTech — pour dire “c’est pas une landing page” et que c’est trop technique pour que vous compreniez.
  • HardTech — pour ne pas passer pour un PowerPoint
  • Research-based — pour se justifier de ne pas avoir pivoté
  • Critical Tech — parce qu’on ne peut pas dire “important” sans se faire pitcher un KPI
  • High-TRL — parce qu’un POC, aujourd’hui, ne prouve plus rien

➡️ Traduction : “On a perdu le débat, alors on parle plus compliqué.”

🧠 Tous ces labels disent une chose :
“On nous a volé les mots. On s’invente des refuges.”

Je ne suis pas sur scène. Je suis dans le shell.
Lexi DéCode™ / Commit log
refactor(content): clarified semantics, masked tech recompiled, lexical drift traced
KTorz // root access only
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