La certification totémique : un rituel d’auto-légitimation
La certification est devenue un fétiche corporate : un badge doré pour crédibiliser l’incertitude. Mais derrière l’étiquette, il y a un choix stratégique : masquer ou prouver.

On nous vend de plus en plus la certification comme la clé de l’ascension. Comme si un tampon pouvait sublimer ta boîte à outils ou transformer ta posture LinkedIn en vérité gravée. Toutefois la certification n’est pas un label sacré : c’est un artefact, un fétiche, qui donne bonne conscience et rassure de potentiels clients naïfs.
Dans la réalité, une certification n’a de valeur que si elle valide les compétences réelles ou stabilise les process à chaque étape. Sinon, elle devient un simple logo pour briller dans les CVs, un vernis qui s’écaille dès qu’on soulève le capot.
🔎 Quand la certification devient un totem
Les gourous RH te laissent croire qu’une certification suffit à valider ton talent. Un peu comme si la compétence surgissait d’un PDF validé par un coach. Comme si la valeur se résumait à un logo doré en bas d’un CV.
En pratique ? Cette obsession du “certifié” dissimule un mécanisme paresseux : croire que l’emballage prime sur l’usage. Comme un totem qu’on brandit pour éviter de plonger les mains dans la boue. Sauf qu’aucun tampon ne remplace la sueur. Ni le feedback du terrain.
⚙️ Qu’est-ce qu’une certification (et pourquoi c’est plus qu’un badge)
En France, la certification n’est pas un gadget. C’est un standard officiel, encadré par des référentiels comme Qualiopi ou le RNCP. Elle est censée garantir la reconnaissance des compétences et la stabilité des process industriels. En théorie, c’est la promesse d’une montée en compétence réelle, pas d’un sticker LinkedIn.
Mais dans la jungle des formations, un nouveau folklore est né : la certification express, la “validation” en 3 slides et demi. Ces micro-formations jouent sur l’ambiguïté : “certifié”, “labellisé”, “accrédité” — tout est mélangé dans une soupe de jargon corporate. Les prestataires vendent la reconnaissance, mais sans la construire. Leur storytelling transforme un PowerPoint en rituel sacré, là où la vraie certification implique un contrôle indépendant et des exigences concrètes.
🌍 Le rite industriel derrière le vernis
Dans l’industrie, la certification n’est pas un argument marketing : c’est un filet de sécurité. Elle protège les process contre les dérapages et rend possible la reproductibilité. Sans elle, un produit peut partir en lambeaux avant même d’atteindre la chaîne logistique.
Dans la tech, les certifications techniques (AWS, Azure, Google Cloud, Cisco, etc.) sont censées attester d’une maîtrise de la techno ou d’une stack. Elles valident des compétences réelles, à condition qu’il y ait de la pratique derrière.
Mais dans le RH ? Là, on entre dans le folklore. Les certifications “soft”, du type “leader bienveillant” ou “empathic manager”, sont souvent brandies comme des totems. Elles pullulent parce qu’elles sont faciles à obtenir et font joli sur un pitch. Pourtant, aucun badge LinkedIn ne sauvera un manager qui “manage par la peur”.
💣 La tentation du bullshit “certifié”
La certification rassure, mais elle n’élimine pas l’incertitude.
• Tu peux être “certifié expert IA” et confondre data science et data cleaning.
• Tu peux brandir “certifié leader empathique” et ignorer que l’inclusion ne se décrète pas par PDF.
À la base, la certification ne mesure pas l’impact. Elle mesure l’adhésion à un récit.
💡 La différence est tout sauf cosmétique
La question n’est pas de savoir si un badge est joli.
La question pertinente, serait putôt : est-ce que ça garantit vraiment la compétence ?
Est-ce que ça aligne la pratique sur les standards industriels ou est-ce que ça noie la confiance dans le jargon ?
Une certification sérieuse, c’est un moyen de rendre visible ce qui est stable. Une pseudo-certification, c’est un storytelling qui brille mais qui n’a rien à dire quand la ligne de production bugue.
💥 Moralité
👉 Dans l’industrie, la certification est un mètre-étalon, un garde-fou.
👉 Dans la tech, c’est un tampon qui peut être justifié, mais qui reste un outil parmi d’autres.
👉 Dans le RH, c’est souvent un totem. Et un totem ne remplace jamais un process robuste ou une vraie capacité d’analyse.
Ce que croient les coachs LinkedIn : Un artefact de vérité absolue. Le Graal du recrutement légitime.
Ce que c’est vraiment : Un tampon à usage rituel, utile si tu l’incarnes, dérisoire si tu l’achètes.
💣 Sans pratique réelle, la certification est un sortilège de crédibilité qui s’évapore au premier test.
📡 Conclusion : un garde-fou, pas une auréole.
Elle ne te donne pas du sens, ni ne remplace pas la mise à l’épreuve.
Si tu penses que la certification t’épargne la remise en question, tu confonds l’étiquette et la preuve. Et dans le vrai monde, les illusions RH ne durent qu’un pitch.
Sans pratique, ton label n’est qu’un sortilège qui ne tient pas à la lumière.